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DNA 13 avril 2014 – Esplanade Visite thermographique du quartier

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Magali Amenta, sous l’œil des habitants, début 2014. Ce matin-là, la visite a finalement dû être interrompue,
car il faisait trop chaud.

Photo archives DNA – Jean-Christophe dorn

Passoires thermiques

Une réunion jeudi soir à l’ARES en attestait : la rénovation thermique, c’est très compliqué. La lourdeur et le coût de ce type de chantier freinent les propriétaires de l’Esplanade.

Les habitants sont venus nombreux au Tambourin, pour cette restitution d’une visite thermographique conduite début 2014 à l’Esplanade, à l’invitation de la commission développement local de l’ARES, qu’anime Henri Gaudier, et qui se préoccupe beaucoup de la question du chauffage à l’Esplanade, tant sur le front de la chaufferie (projet à l’arrêt) que sur celui de la rénovation thermique.

« Profitez-en, nos conseils sont gratuits »

Laetitia Lecouturier, éco-conseillère de la FNAIM (dont le salaire est pris en charge par les collectivités), ainsi que Magali Amenta, d’Alter Alsace Energies, étaient présentes.

La première est plutôt l’interlocutrice des syndics, la seconde des particuliers. Les deux techniciennes, qui ont pris l’habitude de travailler ensemble, précisent : « Profitez-en, nos conseils sont gratuits et nous sommes indépendantes. »

La série de photographies thermiques (lire encadré) prises par Magali Amenta confirme cet état de fait : les bâtiments construits avant 1975 ou entre 1975 et 1985 sont « déperditifs », c’est-à-dire qu’ils laissent s’échapper beaucoup de chaleur.

L’Esplanade date de cette période où l’isolation n’était pas encore une préoccupation. Et sur les clichés pris dans tout le quartier, les façades sont presque toutes en jaune. Le jaune correspond à des valeurs allant jusqu’à 10°C, alors qu’il fait à l’extérieur des températures proches du zéro.

Un habitant demande si réaliser des travaux sur les bâtiments les moins isolés permettrait de vraiment améliorer les performances énergétiques.
Difficile de savoir ce qui pourra être gagné, disent les expertes, pour qui l’audit thermique est un préalable indispensable.

« Il n’y a pas de recette miracle »

Cet audit doit d’ailleurs obligatoirement être réalisé au plus tard le 31 décembre 2016.
Elles ajoutent : « Il n’y a pas de recette miracle, il s’agit de démarches exploratoires. »

Laetitia Lecouturier donne une indication temporelle : il faut envisager quatre ans pour une rénovation thermique. Une année pour sensibiliser, se mettre en mouvement, une deuxième pour lancer des études énergétiques, qui passent par un vote en assemblée générale, une troisième pour choisir un maître d’œuvre, si cette option est retenue, et enfin une quatrième pour les travaux.

Une dame fait à nouveau valoir que, à 80 ans, on se lance difficilement dans un investissement qui ne sera amorti qu’en 30 ans. Elle soulève l’un des problèmes de cette rénovation thermique : les propriétaires y sont vieillissants et, souvent, ne roulent pas sur l’or.

Une habitante du bâtiment « la Citadelle » conclut à l’issue de la réunion : « Si je comprends bien, il vaut mieux attendre de voir comment ça se passe chez les autres et le faire en dernier. »

Un voisin de l’avenue Charles-de-Gaulle est plus mesuré : « Il vaut mieux faire sérieusement l’audit, pour ne rien regretter ensuite. »
Laetitia Lecouturier posait, elle, le problème en ces termes : « Combien cela finira-t-il par coûter si on ne fait rien ? »
De toute évidence, les discussions (passionnées) ne font que commencer.

à quoi sert une caméra thermique ?

La caméra thermique permet de mettre en évidence les points chauds et froids d’un bâtiment. Pour que ça fonctionne, il faut qu’il y ait au moins une différence de 15°C entre l’intérieur et l’extérieur. Magali Amenta a eu du mal cet hiver, compte tenu des températures clémentes. Sur les photos, chaque surface est matérialisée par une couleur qui indique sa température. Un dégradé, du violet pour les points les plus froids des façades, au jaune pour les plus chauds. L’échelle de graduation va en général de – 2 (violet) à 11°C (jaune). Limite de l’outil : il ne quantifie pas l’énergie perdue et ne remplace pas un audit énergétique. Il ne fait qu’informer sur les points faibles (à cet égard, la démonstration était concluante, quasiment tout le quartier est jaune orangé). Les photographies permettent de souligner les ponts thermiques: ce sont les dalles basses, entre chaque étage, qui ne peuvent bien s’isoler que par l’extérieur. On voit bien aussi, pour certains immeubles, les emplacements des radiateurs ou encore des salles de bains: ils rayonnent sur les images.

par Myriam Ait-Sidhoum, publiée le 13/04/2014

© Dernières Nouvelles d’Alsace, Dimanche 13 avril 2014. – Tous droits de reproduction réservés