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Strasbourg

Jeanne Barseghian tourne à l’Esplanade.

Compost, sport, féminisme, doléances et avenir du quartier – le tout à vélo et sous l’œil d’une équipe de Complément d’enquête- étaient ce jeudi au programme de la visite de la maire Jeanne Barseghian au Conseil des XV et à l’Esplanade. Silence, ça tourne !


Visite de quartier de Jeanne Barseghian à l’Esplanade. Photo DNA /Laurent RÉA

Ce n’est pas tous les jours qu’une visite de quartier accueille un tournage et que les bacs à compost ont les honneurs des zooms caméra ! Jeudi après-midi à Strasbourg, Jeanne Barseghian était venue parler écologie au Conseil des XV et projets d’avenir à l’Esplanade ; escortée, notamment, d’une équipe de Complément d’enquête, venue filmer la nouvelle maire écolo à l’œuvre. L’histoire ne dit pas si les lombrics se sont émus de ce remue-ménage, mais place Arnold, mieux valait rester sur ses gardes pour éviter la décapitation par perche micro. L’association CompoStra en a pris son parti, qui a déroulé sans ciller – malgré l’absence de la nouvelle référente de quartier, Sophie Parisot — actions et projets.

Née en janvier 2012, CompoStra compte 720 membres. L’association gère neuf sites de compost et quatre jardins partagés, du Conseil des XV à Neudorf, et a d’autres projets place du Marché, dans les jardins du Palais U, place Henri-Will et avenue Jean-Jaurès. « Nous produisons 18 tonnes de compost vert par an », précise son président, Didier Kahn. Place Arnold, outre les rats (encore eux !), les difficultés sont surtout liées au transfert de la matière vers le site de maturation de l’Ameisenkoepfel, à la Robertsau. S’ajoute la multiplicité des interlocuteurs, pour un président qui rêve d’un « guichet unique » dédié au compost urbain. Sensible au sujet, Jeanne Barseghian a rappelé la nécessité de diminuer les déchets et évoqué les solutions alternatives, type porte à porte ou ramassage à triporteur… Avant de passer son casque et d’enfourcher son vélo pour rallier le point de rendez-vous suivant. Preuve, comme l’a noté l’équipe de tournage, qu’« à Strasbourg, le vélo, ce n’est pas que du folklore ! » C’est même un vrai moyen de transport… un truc de dingue !

Cultures et coutures urbaines

Quelques coups de pédale plus loin, voici déjà l’équipe Barseghian, menée par l’adjoint en charge de la coordination des élus de quartier, Hervé Polesi, à l’Esplanade. Pour parler non pas vélo, mais basket, cultures et « coutures » urbaines, sur les terrains bétonnés adossés au parc de la Citadelle, face à l’ARES. Là même où Frank Ntilikina aurait usé jadis ses Air Jordan. Designer et membre de l’association Street-K, Tamim Daoudi a modélisé un projet, auquel seraient associés divers partenaires, dont l’ARES. Au programme : trois terrains de basket, plus deux pour les enfants, un terrain de foot dédoublé, une aire de Parkour, un espace hip-hop, un mur d’expression… Frank Ntilikina soutiendrait la démarche, menée en concertation avec les riverains. « Un beau projet, innovant et valorisant, face aux difficultés actuelles que connaît le quartier », argumente le directeur de l’ARES, Marc Philibert. Mais pour convaincre totalement Jeanne Barseghian, il faudra encore faire un effort. Pour l’heure, au goût de la maire, l’ensemble reste « trop masculin » et pas assez végétalisé.

Un sentiment de déclassement

Déjà, c’est l’heure du départ, direction la Direction de territoire, Cour de Cambridge, au cœur du centre commercial qui fâche. Travelling de l’équipe télé qui filme depuis sa voiture, warnings allumés, la maire et les seconds rôles le long de la piste cyclable. Autour de l’élu en charge de l’Esplanade, Patrice Schoepff, d’Albert Hernandez, le président de l’ASERE et de plusieurs représentant.e.s de copropriétés, c’est le sentiment de déliquescence et de déclassement du quartier qui s’invitent. Montant des charges, insécurité et trafics « qui ont augmenté de façon exponentielle depuis le confinement et sont bien plus graves que le Coronavirus ! », estime Jean-Paul Fuchs, président du conseil syndical de la copro « Le Rond-Point », l’ambiance générale se détériore. Serpent de mer d’un centre commercial livré aux dealers et aux pigeons ; « campeur de l’Esplanade » que beaucoup ne supportent plus ; rats ; absence de toilettes publiques… Les doléances affluent, mais l’échange reste cordial, les copropriétaires sachant gré à la maire d’être venue les rencontrer « aussi vite » et voulant y déceler un signal positif.

À l’image de ces équipes de policiers municipaux à pied « déployées en septembre et qui ont déjà procédé à plusieurs interpellations », précise Hervé Polesi, qui annonce le recrutement prochain de quatre médiateurs sur la ville. Jeanne Barseghian évoque aussi le lancement d’un atelier de projet sur le centre commercial. Une nouvelle lueur d’espoir. « La stratégie est la bonne, mais il faut l’inscrire dans la durée », prévient un intervenant. L’équipe télé, elle, est déjà repartie place de l’Esplanade, où l’exposition dédiée aux femmes du quartier s’apprête à être inaugurée.


La femme, l’avenir des quartiers ?

Elles y tiennent, à leur selfie ! En attendant l’inauguration de l’exposition « Femmes de nos quartiers », place de l’Esplanade, Naima Ahssane et Zakia El-Wahabi, de l’association Mon petit nid, posent ce jeudi en début de soirée aux côtés de la maire Jeanne Barseghian et tressent des couronnes (méritées) à l’équipe de la Direction de territoire. Ce quartier de l’Esplanade, elles l’aiment et le font vivre, à travers des actions de soutien à la parentalité, notamment, et sont intarissables quand il s’agit de le défendre. Parce que comme elles, nombreuses sont les femmes des quartiers du Conseil des XV, de l’Esplanade et de la Krutenau à s’engager, la Ville et ses partenaires associatifs ont voulu les mettre en lumière, dans le cadre d’une démarche initiée le 8 mars 2019 à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Tout sourire, elles sont 28 à poser, de Jupy Alves (Arkestra Brazil) à Valérie Suzan (Strasbourg action solidarité). Sur la place, plusieurs associations ont monté leur stand : le CIDFF, Visages de femmes, l’Amsed, Osez le féminisme, Thémis… Autant de partenaires incontournables. On découvre également les textes rédigés dans le cadre du concours d’écriture « Écrire contre le sexisme », œuvre des habitants et des élèves des collèges internationaux Vauban et de l’Esplanade. Dont celui de la gagnante, Anne-Victoire Klock-M-Samba, qui s’est intéressée au sexisme appliqué à… un homme ! De quoi booster l’égalité femmes/hommes chère à Jeanne Barseghian.

© Dernières Nouvelles d’Alsace, samedi 10 octobre 2020. – Tous droits de reproduction réservés