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Strasbourg

À l’Esplanade, l’ARES prend la température du quartier en pleine pandémie

« Comment allez-vous ? Comment allons-nous ? Comment va notre quartier ? » Telle était la thématique du forum en ligne proposé mardi soir par le centre socioculturel de l’ARES (Association des Résidents de l’Esplanade). L’occasion d’identifier les forces et les fragilités du territoire et d’esquisser quelques pistes d’action.


Le quartier de l’Esplanade désert, pendant le premier confinement, du temps où l’on observait la ville sans vie depuis sa fenêtre…  Photo archives DNA  /Michel FRISON

Des photos pour se souvenir…

Une manip plus loin, voici les participants – des figures de l’Esplanade et de la cité Spach, la direction de territoire, un élu (d’opposition), des bénévoles de l’ARES, des habitants… – « téléportés » au sein d’un de quatre groupes de travail chargés de se pencher sur l’état psychologique du quartier après des mois de contraintes. Pour amorcer la discussion, « salle 4 », Frédéric Duffrene part de photos du premier confinement. On y voit les avenues désertes, la lumière à tous les étages, les files d’attente historiques devant le bureau de Poste (qui ont suscité maintes réactions). Des témoins d’une période « où tout était à l’arrêt et où l’on observait le quartier depuis sa fenêtre, sans possibilité d’interaction, mais avec l’envie de le redécouvrir et de le réexplorer différemment », analyse Nicolas Matt, qui a mal vécu cette mise à distance et mesuré « l’importance de l’esprit de quartier ».

Ancien membre du conseil de quartier, dont il se demande ce qu’il est devenu et quel est son avenir, Jean Sommer s’est estimé « privilégié d’habiter un endroit avec autant de verdure et de commerces à proximité ». À la cité Spach, Élisabeth Koonja a souffert de la mise à l’arrêt du chantier de réhabilitation et de la fermeture des parcs lors du premier confinement, mais compose avec la période actuelle. Elle s’est même mise à la visio, « même si rien ne vaut le présentiel ! Ce qui me manque le plus, c’est d’aller boire un café en ville avec les copines » ! Plus âgée, Agnès Girard est nostalgique du moment de communion et de convivialité que constituait l’hommage du soir aux soignants , et souhaiterait qu’on « fasse quelque chose pour se retrouver tous ensemble à un moment de la journée ». Au fil de la discussion, l’isolement des personnes âgées, et celui des étudiants , deux populations surreprésentées à l’Esplanade, monopolise l’attention. Nicolas Matt évoque une cartographie plus fine des fragilités et la création d’une « task force de quartier » susceptible d’agir en cas de coup dur – pour aider par exemple les personnes très âgées, très angoissées, à faire leurs courses. Des initiatives ont été prises en ce sens pendant le premier confinement – avec notamment un système de stickers apposés dans les halls d’immeubles, imaginé par l’ARES – , qui pourraient être reconduites et développées.


Parmi les multiples actions relayées pendant le premier confinement, plusieurs centres sociaux avaient invité les habitants à rejoindre ceux qui, tous les soirs à 20h, applaudissaient les soignants.
Photo archives DNA /Michel FRISON

Remettre l’humain au cœur

Après trois quarts d’heure de débats en petits groupes, la synthèse a confirmé les fragilités et les forces de l’Esplanade. La petite délinquance ressentie comme étant en augmentation, notamment du côté des ados ; la saleté grandissante (sur le campus, mais aussi dans le centre commercial et à la Citadelle), liée au développement de la vente à emporter ; le manque de moments conviviaux ; la solitude… Côté verre à moitié plein, la solidarité, la présence de nombreux commerces et un environnement arboré ont été des forces à cultiver. Pour pallier les manques, certains proposent d’organiser des fêtes des voisins ; d’autres de réserver au sein de l’ARES un espace dédié au coworking, qui permettrait notamment aux étudiants de sortir de leur isolement ; ou de traduire en anglais les messages solidaires. Mieux repérer les vulnérabilités, développer les solidarités, tisser du lien, se focaliser sur l’humain ; être attentif aussi, au vécu des enfants : autant d’axes au cœur des missions d’un centre culturel, comme l’a rappelé Frédéric Duffrene, avant de laisser le mot de la fin à Jean Sommer, pour clore avec humour et par un dessin cette studieuse soirée. On y devine un couple âgé partant à bord de sa décapotable. À l’arrière, un cœur, une seringue et un panneau «  Just vaccinated !  » Comme une promesse d’un avenir plus rose.

 

© Dernières Nouvelles d’Alsace, mercredi.10 mars 2021 – Tous droits de reproduction réservés